On ne l'attendait pas, d'abord, sur ce terrain : Ségolène Royal a consacré, dimanche, la première partie de son discours à la situation économique de la
France en faisant siennes les vives critiques portées depuis l'été par le
Parti socialiste sur le bilan de la droite. "Voilà la France qu'ils nous laissent", a-t-elle lancé après avoir évoqué, entre autres, le niveau de la dette, le triplement du déficit des comptes sociaux et l'affaiblissement de l'appareil productif. Elle
s'est aussi présentée comme la "candidate du travail pour tous et du métier pour chacun", voulant, à l'instar de son challenger
Nicolas Sarkozy,
"réhabiliter la valeur travail".
Probablement désireuse de corriger l'impression laissée par son discours du 6 février à Paris à la tonalité très anticapitaliste, la candidate a insisté sur la nécessité de reconnaître "l'inventivité des entrepreneurs", opposant implicitement les grands groupes qui délocalisent aux PME de moins de 250 salariés qui "sont plus de 2 millions en France et nos premières créatrices d'emplois". Ce sont elles qui, dans le droit fil du "Small business act" de 1953 aux
Etats-Unis, se verront réserver une part des marchés publics.
"POUVOIR D'ACHAT GARANTI"
Si Mme Royal a évoqué le caractère "insoutenable" de la dette publique, elle n'a fixé aucun calendrier pour le retour à l'équilibre - l'UMP s'étant donné jusqu'à 2012 -, et n'a quasiment pas dit mot du financement de ses 100 propositions. D'après la cellule de chiffrage de l'Institut de l'entreprise, elles dépassent au total le montant du déficit budgétaire 2006 (36,2 milliards d'euros). Parmi elles, figurent des mesures en faveur de la recherche (7 milliards), des jeunes (10 milliards), 6 milliards pour le revenu de solidarité active et autant pour les 500 000 emplois tremplin
La candidate a abordé la quasi-totalité des questions sociales, à l'exception notable de deux dossiers : les 35 heures, dont elle avait critiqué précédemment les effets néfastes, et le contrat de travail. Son pacte présidentiel réaffirme la volonté de supprimer le contrat nouvelles embauches (CNE) "pour faire du CDI la règle" et de moduler les aides à l'entreprise et les exonérations de charges en fonction de la nature des contrats signés.
Proposant un pacte "pour le pouvoir d'achat garanti", Mme Royal s'est engagée sur l'augmentation du salaire minimum à 1 500 euros et sur celle des "bas salaires", au-dessus du smic (sans autre précision). La mise en oeuvre de cette mesure est renvoyée à une "conférence sur les salaires" dès juin. Compte tenu des modes d'indexation du salaire minimum, le
smic atteindra, en tout état de cause, 1 500 euros à l'horizon de 2012.
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