AB – Tristan Nitot bonjour. Le lancement de Firefox 2 est-il un succès ? TN – Bonjour Ariane. Si j'en crois l'enthousiasme de la communauté, développeurs et utilisateurs, les premiers retours sur les blogs, critiques incluses, et l'intérêt des journalistes, le succès de ce lancement est effectivement au rendez-vous. Nous sommes passés d'une soireé "tartes flambées" entre copains pour le lancement de Firefox 1, à une soirée regroupant plusieurs centaines de personnes dans les locaux parisiens du Conseil régional d'Ile-de-France pour le lancement de Firefox 2. D'ailleurs, jeudi soir [26 octobre 2006] Jean-Paul Huchon, président du Conseil, devrait officiellement annoncer l'utilisation par défaut du navigateur web Firefox sur l'ensemble des postes de travail du Conseil régional, comme pour la Gendarmerie nationale. AB – Combien rapportent les liens sponsorisés à Mozilla ? Quid de votre stratégie sur le marché professionnel ? TN – Nous comptons entrer sur ce marcé grâce au soutien du public, des membres de la communauté et des particuliers qui utilisent Firefox à domicile et veulent pouvoir retrouver cet environnement sur leur poste de travail, dans l'entreprise.
L'argent est un moyen pour nous, pas une fin. Je le rappelle, le projet Mozilla a pour principaux ojectifs de fédérer le développement des logiciels libres au code source ouvert - nos solutions sont télégarcheables gratuitement sur le Net en quelques clics, toutes compatibles Windows, Mac OS X, Linux -, de promouvoir le choix et l'innovation sur Internet et, enfin, de participer à l'enrichissement de l'expérience utilisateur. Ce qui fait la force du projet Mozilla, son adoption auprès du consommateur final, c'est bien la communauté. Mozilla fonctionne sous l'égide d'une fondation américaine à but non lucratif, une association en Europe. Quant à la société Mozilla corp., elle a été créée pour assurer la promotion marketing de nos solutions, liens sponsorisés inclus. Mozilla fonctionne grâce à plusieurs centaines de contributeurs actifs à travers le monde, plusieurs dizaines de milliers de testeurs des "compilations nocturnes", plusieurs centaines de milliers d'individus qui participent à la diffusion de nos logiciels. A l'inverse d'une approche propriétaire où tout est caché, nous prônons la transparence des développements, des bugs et des usages. S'il y a une réelle adéquation entre l'enthousiasme de la communauté et l'adoption du navigateur par un large public, c'est parce qu'au lancement du projet Firefox (né sur les cendres de Netscape, ex-projet Phoenix, ex-Firebird) nous avons opté pour un navigateur efficace, simple d'utilisation. Nous avons choisi, après le départ d'un des électrons libres de la communauté vers Apple (Safari c'est lui) et des décisions prises par le duo de choc à l'origine de Firefox, de limiter le nombre de fonctionnalités avancées intégrées au "web browser". Nous avons tout fait pour que l'utilisateur lambda soit à l'aise avec Firefox et que l'utilisateur avancé, vous ou moi par exemple, puisse personnaliser son navigateur comme il le souhaite, bidouiller à plaisir par le biais d'extensions, plus de 1800 disponibles à ce jour. En gros, les développeurs et web designers qui proposent ces extensions forment une sorte de pôle R&D virtuel dont les travaux bénéficient à tous. Avec ça nous sommes sortie de l'ornière, des 3% de part de marché de 2003, nous avons tous été licenciés de Netscape (AOL) en juillet de cette même année, pour atteindre à ce jour plus de 20% de part de marché en Europe, plus de 15% aux Etats-Unis où Opera et Safari ont également grapillé des parts sur Microsoft Internet Explorer. Avec Firefox 2, nous voulons élargir davantage notre base d'utilisateurs. Comment ? En proposant un navigateur open source très intuitif, sécurisé, personnalisable, adapté aux usages et technologies du Web 2.0. Notre modèle de sécurité est transparent, open source, et n'est pas une option. Je signale, à ce propos, ne pas être convaincu par un récent rapport de Symantec dans lequel IE apparaît mieux sécurisé que Firefox. Chez nous, les bugs sont tous publiés afin d'être résolus par la communauté, tandis que Microsoft publie ce qu'il souhaite. Sur Firefox 2, nous avons rendu la navigation par onglet encore plus plaisante, nous avons ajouté une fonction "Google Suggest" dans la barre de recherche en haut à droite. Cerise sur le gâteau, en cas de plantage du navigateur, l'internaute retrouve toutes ses fenêtres, ses onglets, une fois le navigateur relancé. D'autres points forts : Un vérificateur d'orthographe en ligne (Spell Check), l'accès rapide aux flux RSS (Web Feeds), quelques clics suffisent pour visualiser le contenu résumé des flux et s'y abonner (choix entre différents lecteurs Yahoo, Google, Netvibes..) Du côté des technologies, nous sommes passés à Javascript 1.7 et avons intégré DOMstorage et SQLite. Les équipes d'Opera et de Safari envisagent également d'intégrer DOMstorage, du côté d'Internet Explorer les choses sont moins claires. AB - Firefox 2 contre Internet Explorer 7, est-ce le nouveau combat des chefs ? TN - Il s'agit surtout de deux approches différentes : l'une communautaire, l'autre propriétaire. C'est indéniable la version 7 d'IE est un progrès par rapport à IE 6, un navigateur dont l'évolution s'est bloquée dans les années 1990. Microsoft s'est visiblement inspiré de Mozilla Firefox pour concevoir son navigateur web Internet Explorer 7, comme le groupe s'est inspiré de Mac OS X pour développer son système d'exploitation Windows Vista. C'est de bonne guerre ! Je pense qu'il sera beaucoup plus aisé aux utilisateurs d'IE7 de passer sous Firefox. A noter : L'installeur sous Windows et plus rapide que sous Linux et Mac OS X. AB – Mozilla va-t-elle concevoir son propre système d'exploitation ou développer, à partir de Firefox, un poste de travail virtuel comme proposent Microsoft, Google et Yahoo ? TN – Nous n'allons pas développer notre propre système d'exploitation, l'avenir est dans le navigateur et ses extensions. Nous allons donc nous concentrer sur le développement de Firefox et des logiciels du projet, Thunderbird en particulier. Nous voulons proposer une porte d'accès personnalisable et ouverte aux données glânées sur le web ou autre. Je ne peux dire aujourd'hui quelle forme cela prendra exactement, mais Mozilla y travaille. AB - Tristan Nitot, je vous remercie.
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