Sécurité - Les autorités françaises témoignent du recrutement inquiétant de «mules» sur internet. Des intermédiaires qui réceptionnent puis transfèrent des capitaux via leur compte bancaire en ligne.
Blanchir de l'argent ou transférer des capitaux est une activité en développement sur internet. Les intermédiaires recrutés sont qualifiés de «mules» et peuvent gagner plusieurs milliers d'euros par mois, en toute illégalité.
Il s'agit d'une des grandes tendances 2006 du Panorama de la cybercriminalité, présenté ce 18 janvier par le Club de la sécurité des systèmes d'information français (Clusif). «Les mules sont la version internet des porteurs de valises», explique à ZDNet.fr Pascal Lointier, président de l'organisme.
Leur recrutement s'effectue via des spams envoyés en masse. Les messages sont souvent présentés comme des offres d'emploi avec un lien vers un site, qui ressemble à s'y méprendre à celui d'une société respectable (photos de réunions, logos accrocheurs, témoignages de participants...).
L'internaute qui s'y rend se voit proposer de «devenir partenaire» d'une entreprise financière. Il lui est demandé de parler anglais, d'être majeur, d'avoir environ deux heures à consacrer à cette activité par jour et, surtout, de disposer ou d'ouvrir un compte en banque pour effectuer des transactions.
Jusqu'à 3.000 euros par mois de commission
S'il se déclare intéressé, il doit alors surveiller sa messagerie électronique régulièrement afin d'être réactif. Il va recevoir des e-mails lui indiquant qu'une somme d'argent a été versée sur son compte; somme qu'il devra par la suite transférer «à des clients».
Pour cette opération, l'intermédiaire empochera une commission de 5 à 10% des sommes transférées. Jusqu'à 3.000 euros par mois, avancent certaines annonces.
Dans les faits, l'internaute crédule, ou peu scrupuleux, participe à une opération de brouillage de pistes qui permet à l'auteur d'une attaque sur le Net de récupérer de l'argent. Il peut, par exemple, s'agir d'une attaque par phishing qui aura permis de rassembler plusieurs dizaines de milliers de dollars. Plutôt que de recevoir directement l'argent sur son compte, son auteur passe par une ou plusieurs mules, ce qui pourra ralentir d'éventuelles tentatives de suivi des fonds.
«Nous n'avons pas de chiffres précis mais la prolifération de ces intermédiaires recrutés sur le Net nous est confirmée par les services de police et de gendarmerie en France», poursuit Pascal Lointier. Légalement, ils peuvent être poursuivis au pénal pour complicité d'escroquerie et écoper jusqu'à cinq ans de prison.
«Ce phénomène participe d'une tendance plus générale d'une professionnalisation des attaques sur internet avec de plus en plus un appât du gain», conclut le président du Clusif. Une motivation financière qui avait déjà été observée dans le cadre du panorama 2005 de la cybercriminalité avec la diffusion d'adware
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