Dans la série crowdsourcing (création de contenus par les internautes), on connaissait les tee-shirts et les sites d'informations collaboratifs, notamment. Arrivent maintenant les logotypes. Le fondateur de Wilogo,
lorsqu'il a voulu créer sa PME a été confronté à la difficulté de recruter temporairement et légalement un graphiste sans passer par un investissement en agence. Il a eu l'idée de créer un site collaboratif utilisant le modèle du crowdsourcing pour proposer à des PME et TPE un service de création de logos.
Lorsque l'on a un petit budget, ce qui est souvent le cas au moment de la création d'une entreprise, il est parfois difficile d'en consacrer une partie à l'image de la société, alors même qu'il s'agit d'une étape indispensable à sa popularisation. De même, un jeune graphiste qui démarre en freelance rencontre des difficultés à trouver des contrats tant qu'il n'a pas fait ses preuves avec de vrais clients.
Le service de Wilogo, lancé en mars 2006, a pour vocation de répondre à cette double problématique : le site propose des packs logos de 300 à 1500 euros aux entreprises (suivant le temps de l'appel d'offres et donc le nombre de graphistes impliqués) et fait concourir ses graphistes sur leurs briefs remplis en ligne. Celui dont le logo est choisi est rémunéré de 40 à 60 % du prix du logo (soit 300 euros pour le pack standard à 500 euros).
Avantage pour les entreprises : la rapidité de la réalisation (entre 48h et 72h) un faible coût et la possibilité de choisir, parmi les différentes productions correspondant à son brief, la plus proche de l'identité visuelle recherchée. De plus, grâce aux commentaires et aux votes sur les différentes créations, l'entreprise cliente peut également comparer ses goûts à ceux d'internautes plutôt spécialistes de l'image. 1.500 internautes, amateurs de graphisme, sont en effet membres du site, et bien que 300 seulement participent à la création de logos, cela ne les empêche pas de s'investir dans la communauté, notamment à travers les forums et les messageries privées totalement libres d'accès aux membres et peu modérés. Un blog rédigé par les créateurs de Wilogo renforce également le côté communautaire du site.
Du côté des graphistes : les meilleurs ont la garantie de participer à tous les concours et de gagner de l'argent à chaque fois que leur logo est sélectionné par une société. Pour les débutants, c'est l'occasion de se faire connaître, de tester son trait, et aussi de se confronter à la communauté et donc de faire évoluer son style : "De nombreux graphistes ont trouvé du travail en se faisant repérer sur Wilogo, parmi eux certains n'avaient même jamais participé à un concours, mais ils ont été contactés grâce à leurs analyses postées sur le forum", explique Eddy Fayet, l'un des trois co-fondateurs du site avec Gregory Vacher et Arnaud Bailly. En outre, le Karma, un système de notation des graphistes par la communauté, permet à tous ceux qui participent d'évoluer à chaque soumission d'une création.
Pour faciliter les contacts entre entreprises et graphistes, Wilogo a d'ailleurs eu l'idée de mettre en place un système de géolocalisation (un mashup de Google Maps) et ne cache pas leurs coordonnées aux PME. Pour populariser leur service, les créateurs de Wilogo pensent en effet qu'il doit être le plus ouvert possible.
Après moins d'un an d'activité, le site comptabilise entre 1.000 et 1.500 visites par jour, soit environ 800 visiteurs uniques. Sur 1.500 membres actifs, Wilogo décompte 300 graphistes ayant participé à au moins un concours (dont 30 constituent le noyau dur), et environ 80 entreprises ayant commandé un logo. Parmi celles-ci, une télé locale suisse a récemment fait une commande groupée. En moyenne, sur le pack standard (durée du concours 72h00), une quarantaine de graphistes participent en postant leur logo et ont le droit d'en poster jusqu'à cinq à chaque concours.
Wilogo paie les graphistes en nom propre, pour les freelances disposant d'un numéro de Siren, et demande aux autres (amateurs et débutants) de passer par la société de portage "Portability" : "Même si, une fois les frais déduits, il ne leur reste pas grand-chose, cela motive souvent les graphistes amateurs à créer leur activité", explique le co-fondateur.
Reposant sur le principe du crowdsourcing qui permet de développer une activité à bas coût, les trois fondateurs, développeurs de leur état, n'ont pas dépensé un cent d'euro pour construire leur site. Ils développent également une activité de design Web parallèlement à Wilogo, même si, dans l'idéal, ils aimeraient s'y consacrer entièrement : "Pour pouvoir être rentable et vivre de notre activité, il faudrait que nous ayons un logo par jour, actuellement nous en avons plutôt un à deux par semaine." détaille Eddy Fayet.
Pour faire connaître leurs services auprès des graphistes, friands de ce genre de communauté émulatrice, cela n'a pas été difficile : quelques posts sur des blogs ont suffit. Par contre, au niveau des PME, la tache est plus compliquée : celles connectées au Net peuvent surtout découvrir Wilogo à travers les liens Google achetés par la société. Aussi, la société compte beaucoup sur le bouche-à-oreille de ses clients. Quelques flyers et affiches ont également été réalisés. Mais, dans l'idéal, Wilogo aimerait trouver des "revendeurs de logos", soit en provenance d'agences conseil, ou d'entreprises fabricants des enseignes (qui ont souvent des demandes sans avoir forcément les compétences adéquates).
Alors que des graphistes américains, anglais ou belges n'hésitent pas à venir sur le site stéphanois pour participer aux concours proposés par les clients, l'entreprise se sent des envies de développement international : le site va donc prochainement être lancé en allemand et en anglais. Pour ces deux nouvelles antennes, les fondateurs recherchent des personnes bilingues afin d'animer les communautés correspondantes dans chacun des pays
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