Podcasts, blogs, sites de partage de vidéo, peer-to-peer ou encore messageries instantanées foisonnent sur le Net. A tel point que le contenu généré par les internautes a littéralement submergé - pour le meilleur et pour le pire - le contenu institutionnel créé par des professionnels.
Face à cette abondance d'informations, les éditeurs de services Web sont de plus en plus nombreux à décider d'offrir une part de leurs revenus pour inciter les meilleurs contributeurs à héberger leur création chez eux. Le point sur les modèles économiques de partage de revenus qui fonctionnent et sur les limites d'un tel procédé.
Rémunération des contributeurs :
un modèle qui progresse .......... La vidéo de la réaction chimique provoquée par le mélange détonnant de bonbons Mentos et de Coca Light a fait le tour du monde. Ses deux créateurs ont ainsi pu empocher plusieurs dizaines de milliers de dollars en publiant la séquence sur le site
Revver.com qui a pour particularité de rémunérer les auteurs des séquences en fonction du nombre de fois où elles ont été lues. Mais Revver.com n'est pas le seul service Web à s'être positionné sur le modèle économique de la rémunération des contributeurs. Les sites Web de ce type sont même en forte augmentation et la
France commence, elle aussi, à suivre le mouvement.
Pour faire la différence et attirer le plus d'utilisateurs possible, les
éditeurs de ces outils de communication sont donc de plus en plus nombreux à partager leurs revenus avec leurs
contributeurs. Le modèle repose sur un cercle vertueux : plus un site propose de contenu, plus il est visité, et plus il peut monétiser son trafic. Ces revenus, souvent publicitaires, servent donc à rémunérer des utilisateurs en contrepartie de contenus nouveaux. La boucle est ainsi bouclée.
Si le principe de base est simple, le nombre de modèles économiques auxquels il peut s'appliquer est presque sans fin. Tous les secteurs sont d'ailleurs potentiellement concernés. Des sites majeurs de partage de vidéo, avec notamment YouTube en première position, mais également DailyMotion en France sont sur le point de sauter le pas. "Nous partageons nos revenus publicitaires sur la base 50/50 avec certains de nos meilleurs contributeurs", précise Sandra Albertoli, directrice de la publicité chez DailyMotion.
Blogs, télécoms, P2P : tous les secteurs sont concernés
ans cette nouvelle mouvance, les plates-formes de
blogs
ne sont pas en reste. C'est notamment le cas du toulousain
Over-blog, deuxième service français, qui partage ses revenus publicitaires avec ses meilleurs blogueurs depuis novembre 2004. "Nous redistribuons plus de 50 % de nos revenus publicitaires sur des critères objectifs de notoriété", précise Frédéric Montagnon, le fondateur du service. Le site communautaire
CitizenBay.fr, spécialisé dans le journalisme citoyen régional, a pour sa part choisi de rémunérer ses meilleurs contributeurs sur une base fixe de 1 à 5 euros par article rédigé. Le service est financé grâce à des annonceurs locaux.
Le secteur des télécoms participe également à ce nouveau phénomène. Fon, le réseau mondial de
hot-spots Wi-Fi, propose aux clients qui le souhaitent d'être rémunérés en échange d'une partie de leur bande passante. Pour ce faire, ils doivent partager leur connexion Wi-Fi avec tous les individus qui veulent l'utiliser pour accéder à Internet. Fon se charge de facturer la prestation et de partager les revenus avec les Foneros concernés.
Dans un style différent, la spin-off de France Telecom,
Eodus, a développé une plate-forme de P2P légal d'échange communautaire. Les consommateurs et pairs du réseau sont rémunérés lorsqu'ils choisissent de partager le contenu légal de leur disque dur ou d'en faire la promotion sur le réseau. "Avec un seul contenu acheté, un internaute pourrait assez rapidement espérer voir son contenu remboursé s'il fait suffisamment de buzz et s'il laisse son PC en partage", indique Jean-Christophe Boulay, le fondateur du service.
Demain, tous contributeurs ?
Télécoms, peer-to-peer, vidéo, musique, blogs… Sommes-nous donc tous appelés à devenir des contributeurs rémunérés sur Internet ? Pas forcément, selon Pascal Mercier, directeur associé de
Aelios Finance, société spécialisée dans le conseil aux entrepreneurs en recherche de fonds. "La rémunération est une motivation certaine, mais le contributeur veut avant tout de la reconnaissance et pas nécessairement de l'argent. YouTube n'a jamais payé personne pour héberger des millions de vidéos, sans parler de Wikipedia et de ses milliers de contributeurs bénévoles".
Le partage de revenus avec des contributeurs n'est de surcroît pas sans poser de problèmes. Ce modèle suppose une organisation technique et logistique sans faille dès lors qu'il faut envoyer des milliers de chèques ou de virements bancaire. On ne badine pas avec l'argent et l'administration est d'ailleurs un autre frein notable. "Nous payons nos blogueurs en droits d'auteur, car c'est le seul moyen légal qui soit cumulatif avec un salaire et sans avoir besoin de demander une autorisation préalable à son employeur", précise Frédéric Montagnon de Over-Blog.
"La question est de savoir si la redistribution des revenus est viable pour l'internaute", analyse David Waroquier, directeur du fonds d'investissement Mangrove, un des investisseurs initiaux de Skype. "Si les contributeurs perçoivent quelques centimes d'euros, le système peut vite se révéler déceptif et néfaste. Mais s'il est utilisé pour attirer les meilleurs, c'est un très bon moyen". C'est d'ailleurs le modèle choisi par DailyMotion
qui effectue une sélection fine et manuelle des contributeurs qui verront leurs vidéos rémunérées. Le respect du droit d'auteur est une autre raison de choix qui vise à rejeter tout contenu impropre à la publication
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