La France poursuit ses efforts pour la future bibliothèque numérique européenne (BNUE). La Bibliothèque nationale de France (BNF), chargée de la contribution française par le gouvernement, propose sa pierre à l'édifice. Elle a ouvert jeudi 22 mars Europeana.eu,
un "prototype" qui ambitionne d'être le modèle de la BNUE.
Cette petite bibliothèque ne propose pas l'ensemble de la culture européenne en ligne, mais 12.000 ouvrages issus des catalogues de la BNF (7.000), et de ceux de ses homologues portugaises et hongroises (en fait d'intégration, un lien envoie l'internaute vers les sites de ces établissements). "Nous voulons bien sûr mettre en place des collaborations avec d'autres bibliothèques nationales", explique Agnès Saal, directrice générale de la BNF. Mais il fallait mettre rapidement une proposition concrète sur la table, et non réfléchir à un modèle théorique qui nous coûterait encore vingt ans !".
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De fait, même si la Commission européenne
a repris la volonté française d'une bibliothèque numérique européenne, et a proposé un plan d'action il y a plus d'un an (BNUE : le plan de la Commission, du 09/03/06), le projet est très loin d'être abouti. En particulier, il est concurrencé par les projets d'entreprises américaines, dont Google et Microsoft, qui proposent aux bibliothèques du monde entier de numériser leurs catalogues. Le projet de BNUE était d'ailleurs né en réaction à celui de Google, qui vient d'annoncer qu'une bibliothèque bavaroise le rejoignait.
Portail unique vers les contenus numérisés des bibliothèques nationales européennes, le succès de la BNUE dépend des efforts de chacun des pays, qui doivent prendre en charge la numérisation. Les états d'avancement et les choix sont variables, certains pays ayant décidé de commencer avec la presse, d'autres de se concentrer sur les "trésors" de leurs catalogues. "La question du soutien financier que reçoivent les autres bibliothèques nationales se posent", explique Agnès Saal.
De son côté, la BNF a vu ses moyens augmenter. A compter de 2007, elle a obtenu un financement public de 10 millions d'euros par an, venant d'une taxe perçue par le Centre national du livre (CNL) sur les matériels d'impression et de reproduction. Elle a également obtenu 13 emplois supplémentaires dédiés à l'entreprise de numérisation. La BNF ne refuse pas les partenaires privés, et a signé un accord avec France Télécom
sur une assistance technique. Avec ces moyens nouveaux, elle compte numériser 100.000 documents par an.
La question des droits d'auteurs est une des grandes difficultés de ce type de projet. Europeana, comme Gallica (la bibliothèque numérique de la BNF), ne proposent d'ailleurs que des ouvrages libres de droits. Cependant, les premiers accords pourraient être conclus dans les prochains mois avec les ayants droits. "Nous cherchons à définir un modèle économique acceptable pour tous, ainsi qu'à aider les ayants droits dans leurs projets de numérisation", affirme Agnès Saal, qui indique avoir chargé Numilog, spécialiste du livre électronique, de concevoir un modèle économique acceptable. De quoi faire une nouvelle contribution française à cette bibliothèque européenne ?
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